Le livre noir de la mode by Audrey Millet

Le livre noir de la mode by Audrey Millet

Auteur:Audrey Millet [Millet, Audrey]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Economie
ISBN: 9791025205181
Éditeur: Les Pérégrines
Publié: 2021-03-16T23:00:00+00:00


2. Des catastrophes sanitaires et industrielles à l’Est et à l’Ouest

Les ouvriers agricoles et ceux de la fabrication et de la teinture semblent se situer en première ligne des risques liés à l’industrie textile. Mais les travailleurs portuaires et les vendeurs dans les boutiques des pays industrialisés sont également concernés. Quant aux mannequins, beaucoup sont sujets à des troubles de l’alimentation qui peuvent les mener jusqu’à la mort. L’inhumanité du système est donc perceptible à tous les maillons de la chaîne.

Deux types de dangers plus ou moins immédiats planent sur les ouvriers. Le plus visible est le manque de sécurité des usines, déjà évoqué. Les catastrophes sont régulièrement relayées dans les médias, mais les changements ne sont pas suffisants. Le second commence à inquiéter sérieusement les pays occidentaux. Il s’agit des risques sanitaires, dont on savait qu’ils touchaient directement les travailleurs pauvres – sans que l’on s’en émeuve plus que cela –, mais qui aujourd’hui pointent leur nez dans les pays développés.

Du côté des pays émergents : une lente marche vers la mort

En février 2010, une explosion cause la mort de 21 ouvriers de la tannerie Apex. Situé dans le quartier textile de Hazaribagh, au Bangladesh, l’établissement est un sous-traitant de grandes chaînes. Lorsque les pulls en acrylique brûlent, les travailleurs sont empoisonnés à la dioxine. La tannerie dédommage les familles des victimes à hauteur de 2 500 euros, sans pour autant réaliser d’enquête. La production doit se poursuivre. Le lendemain, d’autres ouvriers les remplacent119. Je ne ferai pas la liste des catastrophes industrielles qui ont eu lieu ces quinze dernières années dans les usines textiles – elles sont trop nombreuses. Mais elles se manifestent généralement de deux manières : l’incendie et l’effondrement de bâtiments. En somme, c’est la sécurité qui est en cause. Après la catastrophe de Dacca, l’engagement international semblait remettre en cause le système. Il y aurait un après-Rana Plaza.

Le matin du 24 avril 2013, des travailleurs confrontent leurs dirigeants à l’extérieur du Rana Plaza, un bâtiment industriel situé à Dacca, au Bangladesh, qui abrite cinq usines de confection. La structure montre de nombreuses fissures dans le béton. La veille, remarquant leur élargissement, les ouvriers ont fui le bâtiment. Mais la conversation avec les patrons tourne court : ceux qui ne viendront pas travailler ne toucheront pas leur salaire mensuel. Les travailleurs sont donc contraints de monter les escaliers qui mènent à leur poste, contournant avec précaution les fissures du sol. Le bâtiment de huit étages s’écroule sur lui-même quelques heures plus tard. Les derniers niveaux avaient été construits illégalement et étaient fragilisés par des générateurs géants qui assuraient le fonctionnement de l’usine lors des coupures de courant. Piliers, machines et plafonds tombent sur les ouvriers. La plupart d’entre eux meurent sur le coup, tandis que d’autres doivent être amputés après être restés trois jours sous les décombres. Le dernier bilan de cette catastrophe recense 1 135 morts et 2 500 blessés, dont beaucoup sont handicapés à vie, ce qui en fait le désastre le plus meurtrier de l’histoire de l’industrie du vêtement.



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